#QR8 Charles SPINASSE et la construction d’Égletons

Égletons a été dotée, entre 1929 et 1975, d’un programme architectural et urbain ambitieux porté par son maire Charles Spinasse, ministre de l’économie nationale du gouvernement de Léon Blum en 1936...

Charles SPINASSE
et la construction d’Égletons


Égletons a été dotée, entre 1929 et 1975, d’un programme architectural et urbain ambitieux porté par son maire Charles Spinasse, ministre de l’économie nationale du gouvernement de Léon Blum en 1936. Sensible aux questions urbaines et nourri par ses voyages aux États-Unis, Charles Spinasse met en place à Égletons un projet d’aménagement, d’embellissement et d’extension conformément à la « loi Cornudet ».

A la fin des années 20, la vieille ville et ses faubourgs anciens sont clos de remparts médiévaux et modernes. Dans sa profession de foi pour les élections municipales de 1929, Charles SPINASSE expose des objectifs précis : achèvement des travaux d’adduction d’eau, création d’un second champ de foire, construction d’un abattoir, d’un hôpital, de nouveaux bâtiments scolaires, mise en place d’un plan d’extension de la ville pour la faire sortir de ses remparts.

Une fois élu maire, il se met immédiatement au travail, avec notamment l’appui de ses adjoints Barthélémy BACHELLERIE, et Henri CHAPOULIE. Le plan de la ville est basé sur deux compositions urbaines. La première correspond à un tracé fort, une perspective monumentale, à partir de laquelle s’organisent les principaux édifices publics. La seconde correspond aux boulevards utilisés comme armature de la ville et comme noyau d’urbanisation.

En 2009, le ministère de la Culture a attribué à la ville le label « Patrimoine du XXe siècle » pour son architecture remarquable et son ensemble urbain des années 1930 à 1960.

Charles SPINASSE, un homme politique d’envergure

Charles SPINASSE est issu d’une vieille famille d’Égletons ; il y naît le 22 octobre 1893, sa maison natale est encore visible. Sa jeunesse se déroule à Rosiers d’Égletons. Il poursuit ses études au Lycée de Tulle puis à Paris.

Après avoir participé à la Première Guerre mondiale, entre 1914 à 1918, il est élu en 1919 au conseil municipal de Rosiers-d‘Égletons ainsi qu’au Conseil Général du canton d’Égletons  mais il continue à travailler à Paris comme professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM).

Pendant la période 1929-1944 de son mandat municipal à Égletons, Charles SPINASSE mène un projet innovant d’aménagement, d’embellissement et d’extension d’Égletons, inspiré notamment de l’urbanisme américain.

Pendant son second mandat, il est secrétaire de la Commission des Finances et intervient fréquemment dans les débats budgétaires.  Lors des élections de 1936, il est réélu député de Corrèze pour un 4e mandat.

Cette élection marque l’arrivée au pouvoir du Front populaire et Charles SPINASSE entre dans le gouvernement de Léon Blum. Il devient finalement ministre de l’Économie Nationale, de juin 1936 à mars 1937 et à ce titre signe les accords Matignon, puis il est ministre du Budget pendant 29 jours  (mars-avril 1938) dans le second gouvernement Blum ; sa principale action est, avec Pierre Mendès France, alors sous-secrétaire d’État au Trésor, de préparer le programme budgétaire et financier qui doit permettre de faire face à l’augmentation considérable des dépenses.

Le 6 juillet 1940, il proclame son appui à la politique du maréchal Pétain et soutient le régime de Vichy. En tant que maire, il fait installer entre 1941 et 1944 à Rosiers-d ‘Égletons (qui se trouve en zone libre jusqu’en novembre 1942) un groupement de travailleurs étrangers et un groupement disciplinaire qui fournissent de la main d’œuvre à faible coût aux entreprises environnantes. Ce lieu fut tristement célèbre. Les 23 et 26 août 1942, 117 juifs étrangers raflés en Corrèze partirent de la gare d’Égletons vers Drancy puis Auschwitz.

Exclu de la SFIO, Charles SPINASSE est arrêté en janvier 1945 et emprisonné pendant quatre mois, au motif de collaboration, avant d’être finalement relaxé le 22 octobre 1945 mais il reste inéligible.

Privé d’un destin national, il lèguera à la Corrèze ses idéaux. Il est largement élu conseiller général de Corrèze dans le canton d’Égletons en 1961. Il soutient l’ascension en Corrèze du jeune Jacques Chirac, notamment aux élections législatives de 1967.

Il est élu maire d’Égletons lors des élections municipales de 1965 puis réélu en 1971. Mis en ballotage au premier tour lors des élections municipales de 1977, il préfère se retirer avant le second tour.

Il meurt le 9 août 1979 à 85 ans.

Mandats électifs et fonctions gouvernementales

  • Conseiller général du canton d’Égletons (Corrèze) : 1919-1949 puis 1961-1976
  • Député de la Corrèze : 1924-1942
  • Ministre de l’Économie nationale du 4 juin 1936 au 22 juin 1937
  • Ministre du Budget du 13 mars au 10 avril 1938

 

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LA CONSTRUCTION D’ÉGLETONS

Le Groupe scolaire Albert THOMAS

Dès 1929, alors que le plan d’aménagement de la ville n’est pas encore précis, le projet de construction du Groupe Albert Thomas est lancé.

L’implantation du Groupe scolaire se fait en plein champ, au pied des remparts, sur un terrain en pente qui sera utilisé admirablement en étageant les installations. Pensé comme un édifice religieux, cela lui vaudra d’être dénommé « Monastère du 20e siècle ».

La première rentrée au GROUPE SCOLAIRE ALBERT THOMAS a lieu en 1932. Le groupe comporte deux écoles primaires, un cours complémentaire de filles, une école supérieure de garçons, trois sections d’apprentissage et une de préparation d’entrée à l’Ecole Nationale Professionnelle. En 1934 on comptera plus de 600 élèves.

 

L’école des PTT-ENP

Destinée à promouvoir l’instruction, cette nouvelle école ne tardera pas à sortir de terre. La 13e Ecole Nationale Professionnelle de « plein air » de France s’érigera en suivant les plans de l’architecte Robert DANIS, secondé par M. BLANCHOT. Composée de plusieurs bâtiments symétriques suivant un axe Nord-Sud, elle s’étage en terrasses. Elle est destinée à être un établissement préparant aux concours techniques des Postes (PTT) avant d’être une Ecole Nationale Professionnelle. Elle ouvre ses portes en 1933.

 

La naissance d’un vaste plan d’urbanisation

Un grand plan d’urbanisation nait, favorisé par la création d’un office HLM ; eau, égouts, électrification se développent, de même que le nouvel aménagement des places Henri Chapoulie et du Marchadial. S’ensuit une augmentation de la population et l’essor du commerce.

Les foires aux veaux et aux bovins, prospères, sont à l’origine du nouvel abattoir moderne, bâti en pierres de taille en 1935 et inspiré d’un modèle américain.

Le Foyer des Campagnes, à vocation culturelle et sociale (Devenu Salle des Fêtes puis Cinéma) s’élève dès 1936 comme articulation entre le centre ancien et l’esplanade. La même année, l’arc monumental du stade est inauguré. Ainsi naît l’axe de composition paysager Foyer des Campagnes, Esplanade/ Groupe Albert Thomas, Arc monumental du stade. Cf QR CODE 6

La guerre et les difficultés financières stoppent un temps l’évolution des travaux ; étaient prévus un groupe hospitalier et une maison de retraite : celle-ci verra le jour dans les années 60.

Réélu maire d’Égletons en 1965 puis en 1971, Charles Spinasse aura à cœur de compléter son œuvre par la construction de nouveaux établissements de formation, d’équipements de culture et de loisirs ou encore l’installation d’entreprises.

Dans le domaine de la formation :

– Installation du Département Génie Civil de l’Institut Universitaire de Technologie du Limousin en 1969, qui propose un éventail complet des formations aux métiers du bâtiment et des travaux publics et qui a entrainé la construction d’une cité universitaire et de son restaurant.

– Création d’un Centre de Formation Professionnel des Adultes (conducteurs et réparateurs d’engins – géomètres) en 1970

– ateliers du CES Albert Thomas en 1976

– Centre de Formation Continue à l’EATP en 1974

– nouvelle école primaire à Beyne en 1973

– nouvelle école maternelle aux Combes en 1975-76

 

Dans le domaine des loisirs et de la culture :

– Maison des Jeunes et de la Culture (1966)

– Gymnase du P5

– Château Robert (1970)

– Piscine du Rabinel (1972)

– Parc des sports au même endroit (1976)

– Centre équestre

– Domaine du lac (Village du Gril) : 1965-66

Dans le domaine économique :

– Sogéviandes (Charal) 1976

– Fabrique de Chaussures de sport

– Aérodrome de La Bolle et son hélicoptère de la gendarmerie

– Station d’épuration des eaux 

– Agrandissement de la maison de retraite

On peut dire sans exagérer que Charles SPINASSE est l’un des hommes providentiels à l’origine du destin hors normes d’Égletons : De 1 800 habitants en 1929, la Cité Scolaire et Universitaire atteindra plus de 5 000 habitants.